Paradis fiscal en Europe : l’Autriche au centre des débats

Le secret bancaire de l’Autriche est désormais dans le collimateur de la zone Euro. En effet, on n’entend pas aussi souvent parler de cet Etat comme un pays offshore, alors qu’il offre les mêmes avantages que la Suisse, selon un expert français des paradis fiscaux. Si ce petit pays germanophone a été surtout connu pour ses stations de sports d’hiver et son économie relativement épargnée par la crise de zone Euro, c’est dorénavant son secret bancaire qui attire aujourd’hui l’attention du public.

Le ministre français délégué au Budget Bernard Caseneuve a mis l’Autriche au centre des débats sur les paradis fiscaux européens, en prononçant sur France Info qu’« il n’est pas normal que des pays comme l’Autriche, par exemple, ne communiquent pas les informations dont ils disposent concernant les ressortissants de l’Union Européenne ayant des comptes chez eux ». Ce cas a fait l’objet de la réunion des ministres européens des Finances à Dublin, le 12 avril dernier. En effet, les circonstances récentes (« offshore Leaks », révélations sur les comptes en Suisse et à Singapour de l’ex-ministre du Budget Jérôme Cahuzac…) ont mis la fraude fiscale au centre de ce mini-sommet.

Paradis fiscal en Europe, l’Autriche au centre des débatsL’Autriche tient à son secret bancaire

Si le Luxembourg s’est dernièrement dit ouvert à plus de transparence sur l’argent détenu par des étrangers dans ses banques, Vienne ne compte pas suivre sa trace. En effet, la ministre autrichienne des Finances a même affirmé que « l’Autriche tient à son secret bancaire. » Le pays lutte « contre la fraude fiscale et le blanchiment d’argent ». Dans ce pays, la discrétion bancaire est même un principe constitutionnel. Il est aujourd’hui le dernier pays de la zone Euro à s’accrocher à cette particularité.

Gestion des grandes fortunes

Pourtant, « l’Autriche est comme la Suisse, un paradis fiscal pour les particuliers » affirme Gabriel Zucman, doctorant à l’Ecole d’économie de Paris et spécialiste français des paradis fiscaux à France 24. Plus précisément, les banques autrichiennes se spécialisent à la gestion de l’argent des grandes fortunes en toute discrétion. En effet, l’Autriche refuse de communiquer automatiquement les informations sur les comptes ouverts dans ses banques par des étrangers, même des ressortissants européens, ce qui fait d’elle une exception compliquant la tâche pour remonter la trace d’éventuels fraudeurs.

Les activités offshores des banques autrichiennes ont pu longtemps prospérer sans attirer autant de critiques que la Suisse et le Luxembourg, uniquement parce que les sommes en jeu sont moins importantes. En effet, ces dernières représentent quelque 53 milliards d’euros, si cela s’élève à 1 000 milliards d’euros dans les banques suisses.